Notre Cabane
une recyclerie collective

Mars 2021

Notre point de départ le conte des Trois petits cochons. Notre point d’arrivée la construction de Notre Cabane. Entre les deux, un spectacle qui nous parle de recyclage, de vie sauvage... De personnages qui se réinventent comme nous allons revisiter le conte. Avant, Vieille-branche et Brindille étaient deux des trois petits cochons. Mais ils en ont eu assez d’être des cochons et ils refusent le béton. Seul le troisième n’a pas voulu quitter sa vieille maison en briques. Et tout cela sans oublier le loup, Loulou. Au final, c'est un spectacle qui parle de bricolage et de notre rapport au vivant. 

Avec le collectif Dénominateurs Communs, nous travaillons sur l’idée du «faire avec» que ce soit hors les murs ou dans la boîte noire. Nous engageons des pratiques qui questionnent notre rapport au vivant et au territoire. Nous mettons la priorité sur l’expérimentation et la mise en commun. Nous sommes sensibles à l’arte povera comme à l’esthétique du relationnel. Nous sommes inspirés par le mouvement DaDa et les dérives ludiques des situationnistes. Pour nous, le réel est notre terrain de jeux.

Ce projet entre dans le cadre de ces expérimentations. Le point de départ a été d’imaginer comment construire une cabane avec tout ce que l’on trouve dans un théâtre : déchets, détritus, vieux fichus, cordes, câbles, bouts de décor abandonnés... tout ce que généralement on met de côté ou l’on cache. Nous voulions construire une cabane de bric et de broc. Une cabane recyclée.

Et puis, à force de penser «cabane», le conte des Trois petits cochons est apparu naturellement. Nous avons regardé le vieux dessin animé de Walt Disney et, d’emblée, il nous a semblé qu’il fallait œuvrer sur le changement de mentalité, de génération, sur le fait que le bâti, le dur et le solide sont devenus obsolètes, comme l’idée du travail au centre de l’existence. Cet héritage traditionnel est à questionner à une époque où le précaire, le fragile, le temporaire deviennent des vrais choix de vie. On ne joue pas la rupture, mais plutôt des discontinuités entre le passé et notre présent.

Et puis il y a la relation à l’autre, au sauvage, à ce qui fait peur. Le loup comme symbole du grand méchant et qui, à notre époque, est en voie d’extinction. Il nous semble aussi important de revisiter ces idées reçues et de jouer avec, de les détourner, pour penser et ouvrir de nouveaux imaginaires de cohabitation.

  • Février 2019, je dévore le nouveau livre de Marielle Macé, Nos cabanes. Elle parle des zones à défendre (ZAD), de Sainte-Marie-des-Landes, d’amour du chant des oiseaux. Elle cite Ponge et son parti pris des choses. La nécessité de ralentir, de regarder autour de soi, de prendre soin. De vivre dans des cabanes. Son livre, m’effraie, m’inspire... Alors, je rêve... je rêve d’un spectacle en forme de cabane. Une cabane comme une utopie réelle.

    Petite, je me rappelle des heures passées à construire une cabane avec les copains. On prenait des planches dans des tas de bois et on fabriquait des cabanes provisoires. Des abris imaginaires. C’était si simple. Puis l’hiver approchant, le feu devenait roi. Nos cabanes aux mille histoires partaient en fumée. Mais l’année d’après, on recommençait. Je me souviens de ce sentiment de joie de la débrouille, du bricolage. Cette joie de la cabane qui nourrit l’imaginaire d’un enfant.

    C’est pour retrouver cette simplicité de l’imagination que je rêve d’un spectacle qui commence sur le plateau du théâtre pour se terminer dans une forêt imaginaire. J’aime l’idée de travailler autour du processus de construction de la cabane avec des matériaux de fortune, de créer avec ce qu’on peut trouver dans un théâtre. C’est ça le pouvoir de l’imagination. Deux bouts de ficelles et tout un monde se déploie.

    Le plateau vide est notre point de départ. Tout autour, je vois des spectateurs en attente. Petits et grands. Et puis arrivent les personnages de cette histoire. Lui c’est Vieille-branche, elle Brindille. Ils se sont échappés du conte des Trois petits cochons. Ils n’étaient plus d’accord avec la morale de l’histoire.

    Ce qui est génial avec les contes c’est qu’ils habitent déjà notre imaginaire collectif. C’est un terreau fertile. Les trois petits cochons, c’est une intuition. Il y a bien une histoire de cabanes de plus en plus résistantes face au méchant loup. Mais, de nos jours, c’est plutôt le béton qui est armé, non ? Et le loup, est-il encore si méchant ? Et si on changeait de regard ? Et si le loup devenait Loulou et qu’il était végétarien ? Et si on apprenait à cohabiter ?

    Alors, imaginons un retournement de situation. Un recyclage du conte pour enfants. Une ode au pouvoir d’imagination.

    Maria Da Silva

  • Conception et mise en scène: Maria Da Silva Jeu: Isabela De Moraes Evangelista, Mathias Glayre, Ainara Lopez Scénographie: Fanny Courvoisier Création Lumières: Vicky Althaus Costumes: Maria Muscalu Collaboration artistique: Nicolas Dutour

    Production: Dénominateurs Communs

    Coproduction: L’Étincelle

    Soutiens: Ville de Genève, Loterie Romande, Fondation Jan Michalski, Fondation Ernst Goehner.

    Photos: Vicky Althaus Graphisme affiche: Pierre Dubois

  • Tout public dès 6 ans.

    Durée: 50 min

    Le spectacle a été créé le 3 mars 2021 à l'Étincelle - Maison de quartier de la Jonction – Genève.

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