Communauté désœuvrée laboratoire expérimental

Août 2021

Ce laboratoire artistique s’inspire de Jean-Luc Nancy et La Communauté désœuvrée (1986). Le philosophe questionne le sens de la communauté en postulant qu’il n’en reste rien. Mais il observe tout de même des formes de résistance/subsistance. Nous avons quitté le XXème siècle. Plus de trente ans sont passés. Et pourtant, les mots du penseur résonnent avec notre présent. Que faire de nos désœuvrements?

Durant la crise pandémique, nous avons observé des ralentissements, des entraves à la production, de l’absence de rencontre, des mises à distance, des mises à l’écart... Chacun·e a été ramené·e à son espace intime, le visage dissimulé derrière son masque, face à son écran. Isolements.

Désœuvrement? Un mot effrayant. Il dit le vide, le sans œuvre, le sans emploi... Un mot-clé pourtant. Cette expérience nous a permis de vivre ensemble. Nous avons cherché à retrouver le geste de la vie. Le geste qui réunit, console, réanime. Notre désœuvrement collectif a cherché à retrouver le sens commun.

Communauté, nom féminin : état, caractère de ce qui est commun à plusieurs personnes.

Désœuvrement, nom masculin: état de quelqu'un qui est désœuvré ; inaction, oisiveté, paresse, fainéantise.

Quinze artistes pluridisciplinaires, d’ici et d’ailleurs, se sont réuni·es durant une semaine de résidence dans un chalet situé aux Rasses, à côté de Sainte-Croix dans le Jura vaudois. Un paysage sylvestre à 1’200 mètres d’altitude qui a eu l’avantage de nous réunir hors de nos quotidiens, dans un lieu comme une page blanche. Toute la question était de nous demander comment nous allions l’occuper et quelles formes de désœuvrement nous pourrions expérimenter...

Nous nous sommes retrouvé·es en bande pour échanger, cohabiter, penser, cuisiner, s’organiser, partager, échanger, proposer, inviter, marcher, cueillir, écouter... le cadre idéal pour nous confronter, débattre, imaginer sans intentions prédéfinies. Une communauté éphémère avec une sensibilité et une pratique liée au paysage et au territoire comme dénominateur commun.

Ce qu’on peut dire: le désœuvrement fait peur, le désœuvrement stimule le désir de création, le désœuvrement cadre le vivre ensemble, le désœuvrement rythme le temps organique, le désœuvrement fait communauté.

  • Noémi Alberganti, Milena Buckel, Luciano Cieza, Maria Da Silva, Sophie Dubs, Nicolas Dutour, Wendy Gaze, Anouck Genton, Olga Kokcharova, Antoine Lang, Marouchka Moritz, Émilie Sacco, Laurent Valdès, Florine Wescher.

  • Bourse de recherche de la Ville de Genève.

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